Le journal d’un(e) étudiant(e) confiné(e)

Cette période de confinement a été une expérience difficile à vivre pour nos étudiants et enseignants.

Dans le cadre de la continuité pédagogique mais aussi avec la volonté de maintenir un lien social avec les étudiants de BTS, Laury Mouchez, professeur de Culture Générale en BTS, en collaboration avec Samantha Dahan, professeur de Communication et Isabelle Lavrat, professeur documentaliste a proposé aux élèves de réaliser « un journal du confiné ».

Pour que tous lisent et relisent les journaux de leurs camarades, il leur a été demandé de répondre à un quiz portant sur la totalité des questionnaires.

Au terme de ce projet, les étudiants ont pu participer à la collecte participative « Vivre au temps du confinement » initiée par le MUCEM et ainsi laisser une trace de leur vécu.

Cuisine, sport, musique, lecture, réseaux sociaux, jeux de société, famille mais aussi cours en distanciel, partiels ont été le quotidien des étudiants du lycée Perrimond.

Pour chacune et chacun, le ressenti de cette période sensible n’a pas été le même : sentiments de tristesse, d’isolement, stress, angoisse mais aussi amour, amitié, joies petites et grandes, prise de conscience et … humour et remerciements pour toutes les personnes qui ont fait leur possible pour rendre cette période plus facile.

Quelques extraits des journaux :

… A l’heure du confinement… je sens mon impatience grimper au fil du temps qui passe.

Le temps est si précieux qu’on en oublie ses bienfaits par faute d’en manquer.

La famille est ce que nous avons de plus précieux au monde.

Le ménage est devenu mon sport quotidien, et passer le balai me donne l’impression de faire du va’a (pirogue) sur mon carrelage ! Je suis montée sur la table pour essayer, c’était formidable.

Je m’imagine à la plage ou en montagne, en voyage vers des lieux que je connais. J’ai même rêvé d’être au lycée.

Le changement de saison m’a toujours impressionné, et découvrir les arbres couverts de feuilles après de longues semaines de confinement m’a fait un grand choc !

Je me mets à parler toute seule parfois et pour m’amuser, je m’invente des personnages fictifs.

Cette période est également idéale pour prendre conscience de la vie, de nos habitudes et de se remettre en question.

Notre quotidien bouleversé a mis à disposition des confinés un élément précieux et qui manque d’habitude: le temps.

Rendez- vous sur les balcons pour applaudir les personnels soignants …bien entendu c’est heure à laquelle je vais courir. C’est vraiment motivant quand tout le monde t’applaudit, j’ai l’impression que je fais un marathon et que je vais gagner !

Comme la plupart des gens je me suis mise au sport, défi de faire 1 heure de sport pendant 30 jours… avec beaucoup de persévérance j’ai tenu… 4 jours

Dans le confinement…il n’y a que du virtuel

Mais pas que :

Nous apprenons à nous occuper de nos proches… finies les aides ménagères !

File d’attente devant les grandes surfaces, quelle angoisse toutes ces personnes dont le sourire est masqué par ce bout de tissu. Plus aucune expression de visible, plus de contact. Cette situation est si triste.

Nouveau proverbe : les jours se suivent et se ressemblent…donc il a fallu réorganiser ce quotidien

Et pour maintenir les liens

MDA a créé un jeu reprenant le principe de la célèbre émission Koh Lanta, auquel beaucoup d’étudiants du BTS ont participé. Nous communiquions entre participant par téléphone, cela nous a permis de « rigoler » et passer des moments amusants.

Au jour où j’écris, on est le 4 mai 2036, alors si mes comptes sont bons ça fait exactement 3 décennies qu’on y est. Non, en réalité depuis ce fameux et mémorable lundi 16 mars 2020, il s’est passé 48 jours…

Bien sûr la continuité pédagogique a été mise en place par les équipes enseignantes :

Confinée mais rien lâcher, Perrimond veille à notre investissement même dans les pires moments

Malgré le confinement il a fallu continuer à travailler… nous avons fait les partiels à la maison, cela était compliqué et original à la fois

On doit réapprendre les plaisirs simples de la vie

Si on m’avait dit qu’un jour je serais forcé de me séparer du monde extérieur je ne l’aurais sûrement pas cru, et pourtant….

Je dirais que le temps n’a finalement pas été si long que ça ! Le fait d’être confiné, sans ordinateur ne m’a finalement pas empêché de me distraire, me cultiver, me recentrer sur moi même, se remettre en question, me rapprocher de mes proches. Ironiquement, après tout, il y a toujours quelque chose à faire n’est-ce pas ?…

Et encore pour résumer :

► »… Si je pouvais choisir un mot pour décrire cette période, ce serait « Opportunité ». Oui, effectivement, j’ai décidé de prendre ce moment de « pause » comme une opportunité pour apprendre, pour m’enrichir, pour développer ma culture, pour partager, pour rire, pour écouter, pour sentir, pour ressentir, pour prendre des bains, pour apprendre par cœur la composition d’une bouteille d’eau Hépar, pour faire un facetime avec cette arrière-tante auvergnate de la belle-sœur du frère du cousin qu’on n’a plus entendu parler depuis une bonne dizaine d’années, pour planter un cactus, pour renforcer ma conviction qu’être seule avec soi-même c’est méga génial +++, pour apprendre la signification du mot « allégresse », pour masser le dos de mon frangin et inversement, pour éprouver beaucoup d’admiration envers toutes les personnes mobilisées pour sauver les malades et permettre à la population de continuer de vivre, pour tondre à trois reprises le crâne de mon progéniteur, pour faire un bilan sur la pilosité féminine mondiale, pour comparer tous mes gâteaux à l’aide de Yuka et me rendre compte qu’ils sont tous pleins de mauvais sucres et puis pleurer et puis les manger quand même parce que c’est pas la fin du monde (hein !), pour apprendre la biographie entière de Michael Chekhov, pour faire des lives sportifs every night at 6 p.m avec tata Sissy, pour aller applaudir dans le jardin munie de casserole et de poêle et hurler l’hymne national, pour savoir concevoir du déodorant fait maison au citron, pour savoir la durée exacte de la cuisson d’un œuf pour qu’il soit poché, à la coque, mollet, dur, au plat, brouillé ou en omelette, pour faire un tri dans mes chaussettes, pour peindre ce meuble à la cave qui m’attend depuis 5 ans… et bla et bla et bla… je peux pas tout dire non plus…il faudrait une encyclopédie… » Aude C.

et pour terminer le journal de Thomas, BTS 2 Com en téléchargement : télécharger